Bande-annonce du spectacle
mardi 2 avril 2013
Distribution
Henri Leguen (Cachelin)
Pierre de Lengaigne (Lesable)
Costume Coralie
Décors Pierre Gilles
Le décor a été crée par Pierre Gilles dans une atmosphère à la Félix Valloton.
Maquette (Pierre Gilles)
Note d'intention
Adapter une nouvelle de Maupassant et la faire exister en tant que pièce voilà la gageure qu'il me fallait relever. Ce fût tout d’abord un coup de cœur car cette nouvelle est infiniment drôle et mordante. Un texte riche, à l'esprit subtil, avec des personnages aux sentiments forts et profondément humain ont été la principale motivation de cette aventure.
Maupassant a écrit peu de pièces de théâtre et la majorité d’entre elles sont adaptées de ses propres nouvelles. Alors pourquoi ne pas faire la même chose ?
Et puis, Maupassant nous peint dans cette nouvelle, à l'humour noir et grinçant, une tranche de la société dont les mœurs cruels et réalistes sont encore très actuels de nos jours.
Lecteur, j’ai appris à connaître Maupassant par ses romans et ses nouvelles. Mais c'est en voulant mettre en scène et adapté sa nouvelle que j'ai découvert et adoré l'auteur dramatique. En adaptant pour la première fois cette nouvelle au théâtre, je n’ai pas voulu trahir l’auteur et j’ai surtout voulu garder le subtil dessin des personnages, les nombreuses répliques piquantes et corrosives ainsi que le rythme et le relief qui font toute la saveur du texte.
Maupassant est un dialoguiste hors pair et sa grande connaissance de l'humain nous fait rire en premier lieu de nous même tout en traitant de sujets graves. Jamais la critique sociale de cet auteur n’a été autant en phase avec notre époque. On retrouve ses thèmes favoris, la cupidité, l’hypocrisie, le qu’en-dira-t-on, l’ironie, la cruauté et le cynisme, qui règne en maître aujourd’hui. Avec cette comédie cruelle mais tellement vraie, il fait rire et dérange à la fois, réussissant à satisfaire ce que tout public cherche et est en droit d'attendre en allant au théâtre.
En montant cette pièce, j’ai voulu montré que sous le registre comique, Maupassant n'était pas un auteur ordinaire mais aussi un fabuleux dramaturge. Lui qui toute sa vie a voulu réussir dans le théâtre, mérite que l’on lui rende hommage en portant « L’Héritage » pour la première fois sur les planches.
Stéphane Rugraff
La Presse
Clément Parmentier (Lesable) incarne avec beaucoup de finesse l'homme piégé : libre et brillant, avant son mariage il a les plus belles espérances. Captif dans le foyer de sa femme il existe de moins en moins en tant que fonctionnaire reconnu et en tant qu'homme. Accablé de toutes parts, méprisé même de sa femme, il est comme perdu. Christophe Switzer (Maze) incarne quant à lui l'homme "moderne", l'homme des réseaux d'influence, homme des plaisirs, cet homme qui a compris comment la société fonctionne désormais.
Christophe Switzer est également épatant dans le rôle de la tante Charlotte, épousant sa philosophie et l'amertume de cette femme sage pour qui le temps a passé trop vite, qu'on supporte à cause de sa fortune mais qu'on n'aime pas sincèrement. Idriss (Cachelin) distribue les cartes avec naïveté. Bonhomme, père aimant c'est un homme sans éclat qui avance au Ministère à l'ancienneté. L'héritage sous son soit est une malédiction qui rend les coeurs secs et les amours stériles.
Cindy Rodriguez (Cora) est-elle encore l'ingénue
qui se perd dans ses lectures, qui imagine de son balcon les vies rentrées derrière les façades des immeubles parisiens, quand elle pressent que son mari ne lui donnera pas d'enfant? Cindy Rodriguez se transforme en vipère se joignant aux sarcasmes de son père (Idriss).
Les acteurs interprètent cette farce acide avec jubilation, leur énergie communicative ne nous rappelle pas moins que l'argent est un démon malin qui corrompt les sentiments, même les plus innocents.
Sandrine Gaillard